Les couleurs du sang humain et l’invention du racisme (Réflexion)

Les couleurs du racisme          La division de l’humanité en races distinctes procède de deux conceptions complémentaires de l’être : l’une religieuse, et l’autre scientifique. Avec beaucoup de facilité, quand – à partir du XVe siècle – l’Européen a eu besoin de justifier ses crimes à l’égard des peuples lointains contre ceux qui les dénonçaient, il a puisé ses arguments dans la Bible qui était alors l’incontournable bréviaire de toutes les personnes reconnues et proclamées savantes. Ainsi, on qualifia les autochtones des Amériques de pré-adamites, et le mythe de Cham justifia le bannissement du Noir de l’humanité et sa condamnation au même régime que les Slaves déportés et soumis au travail forcé en Europe. A partir du XIXe siècle, se basant sur la théorie darwinienne semblant confirmer une évolution progressive de l’humanité depuis les origines, les esclavagistes et les colonialistes vont s’emparer d’une idée apparemment magnifique pour justifier ce qu’ils percevaient comme une vérité incontestable : le polygénisme. Selon eux, les êtres humains ont des ancêtres différents impliquant des différences biologiques. Ce qui expliquerait, disaient-ils, l’existence d’une hiérarchie au sein de l’humanité. En d’autres termes, pour ces savants, il y aurait parmi les grands groupes de populations de la terre une évidente corrélation entre leur couleur de peau et leur intelligence, et par voie de conséquence leur niveau dans les progrès techniques et leur degré de civilisation.

          Menée tambour battant par une population européenne baptisée blanche (physiquement, moralement, et symboliquement pure), l’institution de la notion de race parmi les humains s’appuyant sur l’apparente diversité des êtres permet de disserter sur ce que les humains portent en eux ; et cela pour justifier la couleur de leur peau. Pour les racialistes, la différence lisible des êtres (couleurs différentes) est l’expression de la différence de leurs sangs aux propriétés différentes parce que d’origine différente. Ainsi dit, la hiérarchisation des couleurs de peau correspondrait, selon eux, à une hiérarchisation des groupes sanguins déterminés par les gênes qu’ils contiennent. Heureusement, les connaissances scientifiques ne sont pas immuables. Leurs progrès vont montrer que la division des êtres humains en races distinctes – au regard de la couleur de la peau – est sans doute le plus gros mensonge ayant effroyablement impacté l’histoire de l’humanité. Le suprématisme blanc, ou tout autre suprématisme, n’a aucun fondement scientifique ! C’est plutôt un fanatisme qui laisse croire que l’amour de soi peut être élevé au rang de religion.

          Aujourd’hui, tous les scientifiques conviennent que la couleur de la peau et la taille des individus ne sont que des apparences montrant la diversité d’un même être humain dans des contrées et sous des cieux différents. Au-delà de ces différences physiques lisibles, la réalité profonde est tout autre, disent-ils. En effet, au début du XXe siècle, les recherches scientifiques – menées majoritairement par des Blancs – ont démontré que toutes les personnes qualifiées de blanches et placées au sommet de la pyramide des êtres humains peuvent être classées en quatre catégorie de groupes sanguins déterminés par les gênes : A, B, AB, et O. Puis très vite, ces mêmes chercheurs montrent que les mêmes catégories de groupes sanguins se rencontrent chez les personnes qualifiées de noires, de jaunes et de rouges. Conclusion de la science : le sang n’a pas de couleur ! Tous les êtres humains de la terre, quelle que soit leur couleur de peau, véhiculent l’un des quatre sangs avec leurs gênes. Le vrai visage du racisme reviendrait donc à hiérarchiser les quatre groupes sanguins, selon un critère à inventer. Ainsi, tous les Noirs, Blancs, Jaunes, Rouges qui sont du même groupe sanguin – exemple le groupe AB – pourraient se déclarer des êtres supérieurs à tous les Noirs, Blancs, Jaunes et Rouges des groupes A, B ou O. Les suprématistes seraient alors de toutes les couleurs !

Raphaël ADJOBI

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