Comment la France a contribué à la haine des Noirs à la fin de la première guerre mondiale

1940 B          Les quatre grands contributeurs aux théories racialistes qui ont inondé le monde sont bien connus de tous aujourd’hui : il s’agit de l’Angleterre, des Etats-Unis, de l’Allemagne et de la France. Et la popularisation de l’infériorité du Noir par rapport au Blanc s’est faite à travers toute l’Europe et l’Amérique du Nord – du milieu du XIXe siècle au début du XXe siècle – grâce aux nombreuses expositions coloniales que le musée du Quai Branly a rappelées à notre mémoire par son exposition «L’invention du sauvage» en 2011 – 2012. Mais au-delà de ce travail collectif contre l’homme noir, la France s’est illustrée par une politique singulière qui a entretenu durablement la haine du Noir en Europe.

          A la veille de la guerre de 1914-1918, la France disposait d’un empire colonial de près de 50 millions d’habitants. Devant l’indispensable puissance que réclamait la première guerre mondiale, elle a puisé, sans compter, dans les ressources humaines de ses colonies. Ce seront «les poilus des colonies» dont des générations de Français n’entendront jamais parler. A ces milliers de militaires, il convient d’ajouter une foule non négligeable de travailleurs coloniaux que la France a fait venir pour des tâches subalternes. Le général Mangin, qui a favorisé la création de cette armée d’Afrique dite «Force noire», prétend que «Les Noirs d’Afrique au système nerveux moins développé sont inaccessibles à l’anxiété par anticipation et n’éprouvent qu’une légère frayeur» (Armelle Mabon – Prisonniers de guerre «indigènes»). Aussi, l’ordre était de «ne pas ménager le sang noir pour conserver un peu de blanc» (général Nivel). Et pourtant, malgré les sacrifices consentis sur tous les fronts et particulièrement lors de l’offensive du «Chemin des dames» où l’on dira qu’ils ont servi de chair à canon, les Africains sont absents des livres d’histoire, des manuels scolaires et des réalisations cinématographiques. Selon l’historien Anthony Clayton, «dans les tranchées, les tirailleurs ont subi des pertes supérieures à celles des unités françaises» (cité par Armelle Mabon) pour la simple raison que servant principalement dans l’infanterie, ils étaient plus exposés.

Caricature allemande LE NEGRE          Après la victoire des alliés, non contente de partager les colonies allemandes d’Afrique avec l’Angleterre, la France va pousser l’humiliation de l’ennemi plus loin en occupant la Rhénanie dès décembre 1918. Et devinez quelles troupes seront chargées de cette tâche ! Les troupes coloniales, et particulièrement celles d’Afrique noire ! «Un fait qui va marquer durablement les esprits tant civils que militaires, des deux côtés du Rhin. Les Allemands n’ont pas accepté cette présence sur leur sol et ont pris ce prétexte pour présenter la France auprès des instances internationales comme une ennemie de la civilisation». Une virulente campagne de presse, illustrée de caricatures explicites, est lancée par l’Allemagne et reprise dans toute l’Europe jusqu’aux Etats-Unis «contre l’inhumanité des troupes d’occupation et plus particulièrement contre la brutalité des soldats coloniaux qui terrorisent les femmes rhénanes désarmées devant la bestialité sexuelle de ces bêtes en uniforme, ces indicibles monstres, des animaux humains, des hyènes noires, des hommes singes du continent noir» (Jean-Yves Le Naour – La honte noire. L’Allemagne et les troupes coloniales françaises ; cité par Armelle Mabon). Toute l’Europe est scandalisée : des Noirs sont venus tuer des Blancs et occupent désormais l’Allemagne ! Cet événement et cette campagne, à laquelle la France participe activement, feront émerger «la honte noire» – die «schwarze schande» – aux graves répercussions bien après la fin de l’occupation. Selon les historiens, Hitler s’en est inspiré pour écrire Mein Kampf et sa théorie nazie.

Caricature allemande OK          En tout cas, en 1940, les soldats de l’empire colonial étaient encore là pour la seconde grande guerre. Malheureusement, suite à la victoire rapide de l’Allemagne, la vengeance de celle-ci sera terrible ! Les Allemands vont montrer à l’Europe entière et à la France ce qu’il en coûte d’envoyer des Noirs tuer des Blancs ! Dans la Somme (80) et un peu partout, ils procèdent à des massacres de bataillons noirs. Un millier d’entre eux seront exécutés entre le 24 mai 1940 à Aubigny, en Bourgogne, et le 22 juin 1940 autour de Lyon (Armelle Mabon – Prisonniers de guerre «Indigènes»). Les autorités françaises refuseront d’honorer ces prisonniers massacrés – souvent classés disparus – parce que, selon elles, ils ne sont pas morts au combat. Leur mort ne compte pas ! Pourtant, comme ceux enfin honorés à Reims en 2018 par un monument, ils ont quitté leur père et leur mère, et parfois femme et enfants, pour venir défendre à des milliers de kilomètres ce qu’ils appelaient alors «la mère patrie». Résultat : ils n’ont récolté que la haine ou le mépris des Européens à l’encontre de leurs descendants. Caricatures françaises OK

Raphaël ADJOBI

Ci-dessous, une vidéo témoignant de cette vengeance des Allemands sur le corps des Africains. Oui, au-delà du racisme, il y avait la vengeance comme un message clair à la France. Le cimetière des Africains de Chasselay, officiellement inauguré le 8 novembre 1942, est l’oeuvre personnelle de Jean Marchiani. Les victimes du massacre de Chasselay ont été présentés par le régime de Vichy comme morts au combat pour ne pas fâcher l’envahisseur. Les autres victimes des massacres n’ont pas eu cette chance. 

Bordeaux rend son passé illisible pour ne pas avoir à le regarder en face

George Floyd statue Texte final          La vague de colère suscitée par la mise à mort théâtrale de George Floyd aux Etats-Unis a laissé des traces sur le passé esclavagiste et colonial des pays occidentaux. De nombreuses statues honorant des figures qui se sont illustrées durant ces deux époques de l’histoire ont été descendues de leur piédestal. Depuis, ici et là, chacun s’interroge. «Faut-il déboulonner le passé ?» se demande Valérie Lehoux dans Télérama dans son édition du 20 au 26 juin 2020.

          Avant de répondre à cette question, la journaliste commence par reconnaître que «l’actuelle remise en cause des statues […] est le signe d’une souffrance accumulée depuis des siècles, que le récit historique n’a jamais vraiment reconnue et réparée.» Il est plus que temps de l’entendre, assure-t-elle. Cette appréciation de l’histoire est juste mais nous semble trop restrictive au regard de la diversité des manifestants antiracistes. En effet, les Blancs qui s’en prennent aux statues n’ont pas accumulé en eux les souffrances de leurs aïeux ; par leurs actes, ils disent clairement qu’ils ne partagent pas leurs idées racistes et ne veulent pas continuer à les honorer. Cette voix-là aussi mérite d’être entendue. Ne tombons pas dans le piège de certains gouvernants qui cherchent à diviser pour régner en brandissant l’argument «communautariste». Non, il n’y a pas que les Noirs et les autochtones des Amériques qui sont antiracistes.

          Et quand Valérie Lehoux écrit «est-ce en déboulonnant de vieilles figures de pierre ou de bronze que la donne changera ?» on sent dans sa question qu’elle tient – comme bien d’autres – à ces «vieilles figures de pierre ou de bronze». D’ailleurs, elle dit presque aussitôt : «Bordeaux, qui fonda son essor sur la traite des esclaves, a choisi d’apposer dans ses rues qui portent le nom de négriers des plaques racontant l’histoire et rendant hommage à ses victimes. Installer aujourd’hui de pareils panneaux mémoriels au pied des statues contestées aurait le mérite d’assumer le passé. Plutôt que de tenter de l’effacer».

          Avant d’écrire ces dernières lignes qui expriment une idée pleine de sagesse, Valérie Lehoux aurait dû se renseigner avant de jeter des fleurs à la mairie de Bordeaux. Celle-ci n’a jamais été capable d’assumer son passé négrier sans honorer les négriers. La statue de «L’esclave libérée» qui trône devant la Bourse maritime en est la preuve : elle visait à honorer le geste d’un négrier bordelais ! Rappelons à Valérie Lehoux que les plaques explicatives qui complètent six noms de rue de la ville sont le fruit d’une lutte de plus de vingt années menée par l’association Mémoires et Partages. Il faut, Madame, rendre à César ce qui est à César ! Oui, c’est à cette association que revient le mérite.

Karfa Dialo à Bordeau Final          Par ailleurs, si cette journaliste s’était montrée plus attentive à l’actualité locale, elle aurait constaté que – comme le dit si bien George Orwell – très souvent des honnêtes gens deviennent malhonnêtes quand ils ont quelque pouvoir. Elle aurait appris que les autorités de la ville ont pris soin d’écrire les textes explicatifs en petits caractères et les ont placés suffisamment haut pour qu’ils soient illisibles !

          La leçon que l’on peut tirer de cette supercherie des autorités locales est simple : il leur est difficile d’assumer un passé qui n’est plus en accord avec les pensées d’aujourd’hui. Une plaque explicative est un miroir que l’on dresse devant soi-même pour ne pas demeurer dans l’ignorance. Qui aimerait voir exposée sur la place publique la vie de l’aïeul qui ne l’honore pas ? Reconnaissons donc que ces figures que nous ne pouvons plus assumer sont généralement rangées dans les musées pour l’instruction des jeunes générations. C’est d’ailleurs la décision prise par les autorités de certains pays qui ont compris que les temps ont changé. 

Raphaël ADJOBI

Le racisme anti-Noirs rattrape l’Europe et l’interroge sur son passé esclavagiste et colonial (Jean-Marc Ayrault appelle à la réflexion et à l’action)

Jean-Marc Ayrault et le racisme          Si vous demandez aux autorités françaises ce qu’elles font contre le racisme, elles vous répondront invariablement qu’elles ont mis en place une institution appelée DILCRAH (Délégation interministérielle à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT) avec un «plan national de lutte contre le racisme» depuis 2015. Elles préciseront même que pour 2018 – 2020, ce plan «mobilise l’ensemble des ministères pour mener quatre combats : lutter contre la haine sur Internet ; éduquer contre les préjugés et les stéréotypes ; mieux accompagner les victimes et investir de nouveaux champs de mobilisation».

          Il est tout à fait sidérant de constater que cette lutte fait l’impasse sur les savoirs qui permettraient la connaissance de ce que l’on veut combattre. Comment peut-on en effet lutter contre le racisme si l’on ne sait pas pourquoi il y a des Noirs et des Arabes en France ? Comment peut-on lutter contre le racisme si l’on ignore comment celui-ci est apparu dans notre société ? Par ailleurs, en mettant la lutte contre le racisme anti-Noirs sur le même pied d’égalité que celles contre l’antisémitisme et l’homophobie, les autorités montrent clairement leur volonté de nier une réalité socio-politique à laquelle elles ne veulent pas apporter des solutions particulières. En effet, la vie quotidienne des Français noirs et leurs aspirations n’ont absolument rien à voir avec les autres luttes auxquelles elles sont associées. Au-delà de son idéal de fraternité nationale qu’elle clame dans sa devise – «Mieux connaître l’autre pour respecter sa différence» – l’existence de notre association, La France noire, poursuit des objectifs qui touchent deux histoires de France permettant de nous interroger sur le présent et surtout sur les outils de notre enseignement aussi bien dans les manuels scolaires que dans l’espace public.

          La France noire peut donc s’estimer heureuse des propos de Monsieur Jean-Marc Ayrault à l’adresse de nos autorités les invitant à ouvrir les yeux sur les exigences de la France plurielle – qui n’est pas un fait du hasard mais un fait des histoires de la France. Profitant de la vague de déboulonnage des statues aux Etats-Unis, en Angleterre, en Belgique, au Canada, en Australie et dans les Antilles françaises, dans une tribune au journal Le Monde, le président de la Fondation pour la mémoire de l’esclavage appelle à la réflexion et au débat sur les marques qui honorent notre passé dans l’espace public.

                                  Voici le début du texte de M. Jean-Marc Ayrault :

«Sans se pencher sur le présent, il est impossible de comprendre le passé». Jamais ces mots des premières pages de L’Etrange défaite (Franc-Tireur, 1945, réédité chez Folio histoire), de Marc Bloch, n’ont semblé si actuels, quand de nouveau, comme au temps des révolutions, le monde résonne du bruit des statues qu’on abat, quand des siècles d’injustice reviennent tout à coup dans l’actualité, quand chaque pays est invité à revisiter son passé à l’aune des questions du présent.

Les foules qui se mobilisent depuis le meurtre de George Floyd ne demandent pas seulement la fin du racisme, des violences et des discriminations à l’encontre des personnes noires ou issues d’autres minorités. Elles demandent aussi que leurs raisons profondes soient éradiquées.

Les discriminations ne sont jamais seulement le fait de personnes isolées. Elles sont le produit de préjugés qui n’ont pas été combattus, de pratiques qui n’ont pas été corrigées, de questions auxquelles aucune réponse n’a été donnée. Elles sont le fruit de l’histoire de chaque pays. Ne pas le voir, c’est s’aveugler sur les causes du mouvement actuel. Ne pas le dire, c’est s’empêcher de traiter le problème à la racine.

C’est pourquoi, pour répondre à cet appel, il faut d’abord de la justice et du respect, mais il faut aussi du sens et des symboles. Car pour vivre ensemble dans une société de diversité, il faut avoir un récit commun qui nous rassemble, qui nous aide à dépasser les blessures du passé et qui nous inspire pour panser les fractures du présent.

Ce récit, c’est en France celui de l’esclavage qui a nourri le racisme anti-Noirs et du combat pour l’abolition qui a uni militants de métropole et révoltés des colonies ; c’est l’histoire du colonialisme de Lyautey (1854-1934) et de l’anticolonialisme d’Aimé Césaire (1913-2008) ; c’est l’histoire de cette diversité qui est le visage de la France et qu’il faut expliquer».

          Monsieur Jean-Marc Ayrault reconnaît qu’il était ignorant de l’histoire de l’homme dont son lycée portait le nom : Colbert ! Il reconnaît qu’il ignorait pourquoi une salle de l’Assemblée nationale honorait cet homme. Il tire avec nous cette conclusion (RTL – 14 juin 2020) : quand on apprend à l’âge adulte que celui qui vous était présenté comme un modèle alors qu’il professait – au XVIIe siècle – que l’homme noir n’est pas un être humain mais «un meuble» exempt de sentiments et de pensées nobles, vous avez des raisons de vous poser des questions. Le vrai problème, c’est quand on n’est pas capable de s’en poser ! Oui, pour comprendre certains éléments ou mouvements du présent, il convient d’interroger le passé.

Raphaël ADJOBI 

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Olivier Merle entre au collège avec NOIR NÉGOCE

Numérisation_20200601 (3)          Depuis 2019, l’écrivain Olivier Merle est entré dans les collèges grâce à une version abrégée de son livre Noir négoce. Ce sont les éditions Hatier qui ont eu l’idée de proposer la lecture de ce beau roman à la jeunesse ; un roman dans lequel le jeune héros formule de bonnes questions pour aboutir à de bonnes réponses qu’il peut soumettre à sa propre réflexion afin d’asseoir son propre jugement plutôt que de réciter les leçons apprises. Cependant, à force de multiplier les images qui n’ont aucun rapport avec le récit, le livre pourrait bien éloigner l’esprit des jeunes du message de l’auteur. Chose encore plus inquiétante : nulle part n’apparaît clairement ce message. Les enseignants devront aider les élèves à le formuler en s’appuyant sur les deux points que nous avons trouvés intéressants dans le «Parcours de l’oeuvre» : le cercle vicieux de la violence (p. 282) et les enjeux économiques et politiques de la traite (p.283). Les collègues et les élèves qui sont nombreux à lire mon article consacré à Noir négoce ont pu se rendre compte que l’auteur et moi sommes tout à fait d’accord sur ce qu’il convient de retenir comme message essentiel de l’oeuvre.

Comptoir et peinture Comptoir Ok      Voici ce que j’écrivais en 2010 pour montrer que s’il y a des corrompus, c’est forcément parce qu’il y a des corrupteurs :

Ceux qui agitent la contribution des africains à la traite atlantique comme un étendard qui confère innocence et bonne conscience devraient lire ce livre et se voir de bon biais, comme dirait Montaigne. Dans tout complot criminel, l’instigateur qui est également pourvoyeur de l’arme et le bénéficiaire final du crime est plus durement puni par rapport à son complice rabatteur. Aussi, on ne peut mettre sur le même pied d’égalité l’avidité et le projet destructeur préparé et nourri en Europe qui a permis de stimuler l’esprit de quelques chefs africains, et le rôle que ceux-ci ont joué contre les leurs. Appartient-il aux Allemands d’aujourd’hui de juger du degré de complicité des Français qui ont collaboré aux forfaits nazis ? Il me semble inacceptable que des Européens se permettent de montrer du doigt les rabatteurs africains. A ceux-là, je destine ces mots du livre : « La traite n’est que la conséquence de l’esclavage des Noirs en Amérique, et non point l’inverse. […] Si vous cessez d’aspirer d’un côte, ça cesse de se vider de l’autre ». Il fallait donc que l’aspirateur cessât de fonctionner.

          Et voici le mot que m’avait laissé Olivier Merle après avoir lu mon texte : «Merci pour votre longue et pertinente analyse de mon roman, et pour la belle publicité que vous lui faites. Comme vous l’avez compris, j’ai tenté non seulement d’être au plus près des faits tels qu’on peut les reconstituer pour la période du XVIIIème siècle, mais aussi de donner des clés au lecteur pour comprendre, au-delà des faits, les conséquences du trafic négrier en Afrique, sa (triste) place dans l’économie (déjà) mondialisée de l’époque, et les responsabilités de l’Europe, comme, à mon sens, on devrait l’enseigner à nos enfants dans les écoles. On ne peut comprendre le présent sans la connaissance du passé…»

          Malheureusement, dans les discours et les textes français, cette responsabilité européenne vient toujours en seconde position – quand elle n’est pas totalement occultée. Répétons-le : s’il y a des corrompus, c’est parce qu’il y a des corrupteurs. L’Angleterre l’avait bien compris. Aussi, à partir de 1807, elle a commencé à combattre les corrupteurs (les Européens) et non les corrompus (les Africains). C’est grâce à elle que la traite a pris fin sur le golfe de Guinée vers la fin du XIXe siècle ! Non, ce qui s’est passé sur cette partie de l’Afrique entre le XVIe et le XIXe siècle n’est pas une tradition africaine mais – comme le souligne Olivier Merle – déjà la mondialisation de la cupidité générée par le capital. Petite remarque pour terminer : l’Afrique est un continent qui fait trois fois l’Europe ; il serait donc bon que ce détail qui n’apparaît pas sur les planisphères soit constamment porté à la connaissance des jeunes. En imaginant des Afriques, ils comprendront pourquoi la traite négrière atlantique ne s’est pas passée dans le même espace que la traite arabo-musulmane qui a duré jusqu’au milieu du XXe siècle.

Comptoir Steve McQueen OK


PS : Aux enseignants qui utiliseront cette version abrégée du livre avec leurs élèves, il est vivement recommandé de lire dans les commentaires celui de Liss relatif au point « le cercle vicieux de la violence » (p.282). Pour les lecteurs qui n’ont pas le dossier sous les yeux, voici le document de l’éditeur qui reprend – comme le fait remarquer Liss – l’idée classique des Africains constamment en guerre les uns contre les autres. Nous y apportons quelques précisions pour rétablir la pensée de l’auteur.

Comptoire Olivier Merle OK 3

          Comme le disait si bien Olivier Merle dans Noir négoce, «les tenants de l’esclavagisme possédaient des arguments, organisés selon une véritable théorie raisonnée, éloignée de toute improvisation». A notre tour, nous attirons l’attention de tous sur le fait qu’en ce XXIe siècle, ceux qui minimisent ou occultent les responsabilités des négriers et des esclavagistes ont aussi des arguments bien organisés selon un raisonnement qui ne laisse pas de place à l’improvisation !

° Article complémentaire incontournable : la traite négrière dans nos manuels scolaires

Raphaël ADJOBI