Dans le cadre de la semaine de l’engagement citoyen, le collège Pierre Larousse de Toucy a invité pour la troisième année consécutive La France noire pour un échange avec les classes de quatrième autour de notre exposition Les résistances africaines à la traite et les luttes des esclaves pour leur liberté dans les Amériques. Notons que cette exposition s’est enrichie de deux panneaux supplémentaires montrant d’une part un comptoir négrier, et d’autre part une preuve en image de la lutte des Anglais contre la traite négrière sur les mers. Et ce sont les enseignants qui sont les premiers étonnés de la découverte de ces images inconnues des manuels scolaires et des revues destinées aux scolaires ou aux adultes.
Les cinq classes ayant participé à cette rencontre ont prêté une grande attention à l’exposé de l’intervenant. C’est toujours un plaisir de voir les jeunes opiner de la tête quand, dans le préambule, on leur précise que ce savoir sur l’esclavage des Noirs qu’on leur apporte n’est pas destiné à meubler l’esprit et à réussir des examens mais à mieux connaître un pan de l’histoire de France dans le but de mieux connaître l’Autre pour respecter sa différence. Oui, le respect de nos différences passe nécessairement par la connaissance de nos différentes histoires que nous devons absolument intégrer à notre récit national. Et comme à chacune de nos interventions, c’est indiscutablement l’extrême violence exercée sur le corps des Noirs qui retient immédiatement l’attention des élèves. L’occasion de leur expliquer que cette violence est la preuve des résistances que les africains opposaient à la volonté des Européens de les exploiter par l’esclavage. Sans opposition à l’injustice, sans volonté de recouvrer sa liberté, il n’y aurait pas eu de mutilations, de décapitations, de flagellations publiques, de chasses à l’homme dans les bois avec des molosses spécialement formés pour tuer. En d’autres termes, ces actes de barbaries sont les réponses des colons à l’opposition ou à la résistance des esclaves à l’injustice à laquelle on les soumettait. En effet, l’esclavage se résume à cette simple marque d’injustice : exploiter la force physique de l’autre pour son profit personnel ! Cette définition de l’esclavage permet à chacun de réfléchir sur la réalité des conditions des humains autour de nous et à travers le monde en ce XXIe siècle.
Bravo aux élèves pour leurs questions et observations pertinentes qui ont permis des échanges très agréables. Qu’ils soient aussi remerciés pour leurs encourageants applaudissements. Merci aux collègues de nous avoir exprimé leurs sentiments personnels sur la qualité de notre outil pédagogique et du discours qui l’accompagne. Merci à la direction de l’établissement de nous témoigner sa confiance et de croire que c’est ensemble – en ouvrant les pages oubliées de l’histoire de France – que nous formerons des citoyens respectueux de notre diversité nationale.
Raphaël ADJOBI