L’exposition de La France noire intitulée « L’invention du racisme et la négation des traces de l’homme noir dans l’histoire de l’humanité » a fait sa deuxième sortie pédagogique au collège Saint-Jacques – de Joigny. C’est avec un intérêt admirable que les élèves des quatre classes de cinquième ont rencontré, successivement, l’intervenant de l’association pour non seulement découvrir les bases scientifiques et historiques du racisme mais aussi pour lui poser des questions et exprimer des sentiments personnels sur certaines images de l’exposition.
En effet, il était difficile aux jeunes de rester indifférents devant la vingtaine de panneaux aux couleurs vives et très variées illustrant des réalités que le conférencier analysait : l’extraordinaire diversité des traits physiques des Africains, des scientifiques à l’oeuvre pour établir le niveau d’intelligence des humains selon la couleur de leur peau, des publicités d’hier et d’aujourd’hui pleines de préjugés facilement reconnaissables, des enfants victimes du racisme des adultes ou que l’on prépare à l’idée que « Noirs » et « Blancs » ne doivent pas se mélanger…. En tout cas, les élèves avaient le sentiment qu’on leur donnait enfin la parole pour dire ce qu’ils pensent d’une réalité sociale qu’ils partagent avec les adultes mais sur laquelle leurs avis ne semblaient pas compter. Et c’est vrai qu’à les entendre, les adultes que nous sommes notons que les jeunes ne sont pas dupes des marques visibles du racisme que l’on entretient souvent dans de petits cercles pour ensuite les exprimer bruyamment ou sournoisement dans les espaces publics. Ils comprennent vite que le racisme n’est pas naturel mais le résultat d’une culture sociale savamment entretenue par des images et des discours auxquels il leur faudra désormais faire attention.
Notre collègue et amie Marie-Anne Perroud se réjouit pour sa part que l’établissement offre cette exposition aux classes de cinquième, même s’il est évident qu’elle est utile à tous les niveaux. C’est, explique-t-elle, une bonne façon de préparer les élèves à être plus sensibles au contenu de l’exposition sur l’esclavage proposée aux classes de quatrième. C’est un enchaînement logique avec des connaissances qui se complètent admirablement, conclut-elle. Et notre collègue Nicolas Timpano d’ajouter : « c’est maintenant, pendant qu’ils sont sensibles aux images qu’il faut leur apporter les connaissances précises sur le sujet ».
Raphaël ADJOBI