Au milieu du XIXe siècle, en Amérique centrale – précisément au sud du Mexique – un paysan découvre un rocher émergeant de la terre. En le dégageant, il met au jour une sculpture gigantesque représentant la tête d’un homme. L’année même de cette découverte – 1862 – poussé par la curiosité, José Maria Melgar y Serrano est le premier voyageur européen à se rendre sur le lieu pour en témoigner : « […] ce qui m’a le plus étonné, c’est le type éthiopien qu’elle représente. J’ai pensé qu’il y avait eu sans doute des Noirs dans ce pays, et cela aux premiers âges du monde ». Au fil des décennies, les recherches permettront de découvrir près d’une vingtaine de têtes semblables. Dans les milieux européens, on ne fit pas de bruit autour de ces découvertes. L’esprit de l’époque y était sans doute pour quelque chose.
Au début du XXe siècle, avec le triomphe du racisme dont les thèses avaient commencé quelques décennies auparavant, on commença à s’intéresser aux autres objets trouvés sur le site paraissant s’éloigner des traits caractéristiques des têtes colossales. En 1926, l’archéologue Frans Blom et l’ethnologue Olivier Lafarge donnèrent leur avis sur le site des découvertes : « […] Nous inclinons à attribuer ces ruines à la civilisation Maya ». Quelques années plus tard, ce point de vue est jugé erroné. De nombreux anthropologues estiment la civilisation à laquelle appartiennent les têtes colossales – qu’ils ont nommée « Olmèque » – antérieure aux civilisations précolombiennes. A vrai dire, personne ne sait et ne peut assurer scientifiquement que le peuple qui a laissé ces statues s’appelle « Olmèque », parce que le mot était tout simplement employé au XVIe siècle pour désigner la côte du Mexique et ses habitants. Ce nom n’était nullement dans la bouche des populations de cette région la désignation d’un peuple qui aurait vécu là quatre mille ans avant elles. Le vocable « Olmèque » n’est donc retenu que par convention, de même que nous appelons les autochtones des Amériques les Indiens ou les Amérindiens, alors qu’ils n’ont rien à voir avec les populations de l’Inde.
Jusqu’au 21 juillet 2021, le musée du Quai Branly organise une exposition sur cette fascinante civilisation. C’est l’occasion saisie par la revue Télérama pour un article d’une page sur les Olmèques et les cultures du golfe du Mexique (n° 3693 – 24 au 30 octobre 2020). En lisant cet article, j’ai été outré par la ferme assurance de son auteur qui, non seulement s’oppose radicalement au point de vue de José Maria Melgar y Serrano – cité plus haut – mais encore par sa manière arrogante de juger ceux qui sont de son avis. A lire Sophie Cachon, on croit qu’elle seule a les bons yeux pour voir les caractéristiques de ces statues colossales. Elle écrit : « Un explorateur venu voir la tête monumentale décrira le visage atypique comme d’origine africaine, entraînant une théorie fumeuse et toujours vivace sur certains sites Internet ».
Nous sommes tentés de poser cette question à Madame Sophie Cachon : « De quel droit pouvez-vous contester à l’autre son impression à la vue d’un objet au point de la qualifier de fumeuse ? » Sachez que de même que l’historien travaille sur des manuscrits, l’archéologue acquiert l’essentiel de sa documentation sur le terrain ; et l’un et l’autre produisent des récits qui ne sont pas des vérités absolues ! Les nombreuses querelles autour des sujets qu’ils abordent devraient nous inciter à la prudence. Et s’agissant précisément des Olmèques, nous demandons à Madame Sophie Cachon de laisser chacun regarder les statues et arrêter son jugement ! Même un enfant est capable de dire, en regardant ces colossales statues, à quel type de population de la terre elles le renvoient. Madame Sophie Cachon, n’agissez donc pas comme tous ces pseudo-scientifiques qui, mus par le racisme, ont tout falsifié jusqu’aux traces archéologiques pour tromper le public. Comme le fait justement remarquer l’historien François-Xavier Fauvelle, presque tous les archéologues se sont trompés sur les populations de l’Egypte ancienne parce qu’ils étaient imprégnés des théories racistes de leur époque (Science et Avenir de juillet-août 2010). Nous vous dédions donc cette réflexion de Gustave Flaubert : « Voulez-vous ne pas vous tromper ? Tenez pour fausses toutes les idées chères à votre temps ».
Raphaël ADJOBI
Voici un exemple type de la faiblesse de l’humanité lorsqu’elle est soumise à la pression de son environnement, même quand il est question de perception physique : La chemise est verte ; mais comme tout le monde a dit qu’elle est est rouge, lui aussi dit qu’elle est rouge https://www.facebook.com/watch/?v=1151764652217375
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Bravo pour votre travail. Je passerai sur l’avis de certains spécialistes pour m’intéresser à la qualité de fabrication de ces têtes. Il me paraît que ceux qui ont fabriqué ces têtes d’origines sans aucun doute africaines disposaient d’une technologie très avancée. Même si seuls nos enfants auront le fin mot de l’histoire, c’est fascinant de penser que nos ancêtres ont pu laisser des traces aussi brillantes de leur passage.
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Merci d’avoir laissé trace de votre passage. Oui, il nous faut partager nos connaissances et ne pas rester muets devant les affirmations de ceux qui croient seuls détenir la vérité du simple fait qu’ils ont le pouvoir sur les moyens officiels de communication.
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Mais que dire des adn mitochondrial qui ont été retrouvé sur les sites ?
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Ceux qui s’intéressent aux maladies ne me diront pas que mes yeux ont tort quand je vois une pierre ! Si vous n’êtes pas capable de décrire ce que vous voyez, c’est votre problème. Avez-vous vu ces ADN au musée quai Branly ? Parlons de la même chose si nous voulons nous comprendre !
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