Marcel Ravin, le chef étoilé évincé du dîner des grands chefs par ses pairs…

Marcel Ravin 5          Le dimanche 26 septembre 2021 s’est tenu à la préfecture du Rhône, à Lyon, le dîner des grands chefs de la restauration. Organisé par les marques Sirha food et Invité par le président de la République, le chef étoilé Marcel Ravin a été interdit d’accéder à la salle de réception alors qu’il était muni de son carton d’invitation présidentiel.

          Dans ce milieu de la haute gastronomie où tout le monde se connaît, jusqu’à ce dimanche-là, il était difficile pour le commun des Français d’imaginer qu’une telle chose pouvait arriver. Le chef étoilé Martiniquais précise qu’il était dans la même file d’attente que d’autres grands chefs ; il se trouvait précisément aux côtés du chef lyonnais Alexis Trolliet. « On était ensemble, écrit-il sur sa page Face Book, j’avais ma carte d’invitation nominative et ma carte d’identité nominative, mais ils m’ont dit que je n’étais pas sur la liste et leur responsable n’a rien voulu savoir. Bien entendu, certains sont rentrés alors qu’ils n’avaient aucune invitation ».

          Déçu et dépité par l’humiliation qu’il venait de subir, Marcel Ravin quitte la préfecture, lieu de la fête, et part dîner dans un bar près de là. Il commande une andouillette et des frites, pour se consoler. Il a eu toute la nuit pour réfléchir à ce qu’il venait de vivre. « Triste soirée. Être invité et finir sur un trottoir à bouffer une andouillette… Vive la gastronomie française et la fraternité ! » Effectivement, être invité par le président de la République parce que vous êtes une figure de l’excellence française et se voir obligé de quitter les lieux et d’aller dîner ailleurs constitue une cinglante humiliation. Mais Marcel Ravin ne désespère pas de l’humanité : il garde en mémoire la compassion du vigile gêné de ne pas avoir pu faire intervenir un organisateur, ainsi que la bienveillance des policiers tristes de le voir repartir son carton d’invitation à la main. « J’ai l’espoir que notre profession se fédère et qu’aucun chef reconnu par ses pairs ne soit plus jamais laissé sur le pas de la porte », se dit-il.

          Pour « ce manque de considération pour une absence sur les listes », le chef Marcel Ravin espérait tout de même des excuses franches des organisateurs. L’incident ne mériterait pas d’être raconté ici si deux faits supplémentaires n’avaient pas retenu notre attention. Non seulement le journal en ligne de l’extrême droite (Valeurs actuelles) s’est empressée de qualifier l’éviction publique d’un grand chef cuisinier français à une soirée devant honorer sa profession de fait marginal – fait « en marge du salon international de la restauration »mais encore les excuses de ses pairs étaient assorties d’une justification dont la teneur mérite d’être soumise à l’appréciation de chacun. Selon les propos de Luc Dubanchet, directeur des marques Sirha Food – recueillis par le journal de Saône et Loire sur son site – d’autres personnes étaient dans le cas de Marcel Ravin (donc « pas sur la liste ») ce dimanche soir, mais « pour lesquelles on a pu rattraper le coup car on a été prévenu. Mais là, on n’a pas été mis au courant, hélas. On regrette cet incident évidemment involontaire de notre part, il n’y a rien d’orienté là-dedans ». Bien sûr que le chef Martiniquais avait noté que « certains sont rentrés alors qu’ils n’avaient aucune invitation ». Sur une vidéo publiée sur sa page Facebook, il assure que « certains collègues étaient arrivés avec des amis et ont réussi à les faire accepter sur un simple coup de fil ». Édifiant, n’est-ce pas ? Le lendemain, à 22 h, il reçoit un appel téléphonique disant clairement : «nos équipes ont merdé, je ne sais pas quoi vous dire, je m’en excuse… vous étiez bien sur la deuxième liste»… Au lecteur s’impose un temps de silence et de réflexion pour tirer sa propre conclusion. Combien de personnes comptait cette liste oubliée du service d’accueil ?   

Marcel Ravin Bleu Bay          Sachant que ce qui vient de lui arriver est une énième épreuve parmi toutes celles qu’il a surmontées durant son parcours, Marcel Ravin conclut en ces termes : « Souhaiter à mes enfants et à mes jeunes (apprentis) un avenir plus solidaire n’est pas une insulte, c’est un message pour l’égalité, la liberté et la fraternité ». Évidemment, ceux qui voient des marginaux partout trouveront son message marginal. Quant à nous, nous pensons qu’il doit être un souci au cœur de chaque citoyen et faire l’objet de véhéments rappels par la République.

Raphaël ADJOBI

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