La France noire a terminé le premier trimestre de l’année scolaire 2021–2022 par deux journées d’intervention dans un collège du Loiret – le lundi 13 et le vendredi 17 décembre. C’est la quatrième fois que notre association intervient dans cet établissement scolaire.
Nous avons eu le grand plaisir de constater que les forts négriers – jamais présentés dans les manuels scolaires et autres livres d’histoire – illustrant notre exposition « Les résistances africaines à la traite et les luttes des esclaves pour leur liberté dans les Amériques », n’étaient pas inconnus d’une collègue qui a une vraie passion pour cette thématique. Rares sont en effet ceux qui savent que la chasse et la déportation des Africains vers les Amériques étaient organisées par des émissaires des royaumes européens installés dans des châteaux forts construits sur les côtes africaines.
Non, les capitaines des navires négriers européens n’allaient pas négocier avec les Africains mais avec d’autres Européens installés sur place pour le compte de leur royaume ! C’est à partir de ces forts que les émissaires des rois européens organisent les captures et vendent les Africains aux capitaines négriers. C’est là-bas, en Afrique que les royaumes européens s’enrichissent ! C’est pourquoi les forts étaient très bien défendus. Quant à l’armateur et son capitaine, c’est en vendant les captifs auprès des colons installés dans les Amériques qu’ils peuvent faire fortune. Il faut dire que cette collègue a lu NO HOME de Yaa Gyasi (Calman-Lévy) ; livre très imparfait quant à la peinture de la culture Akan mais qui a le mérite de rendre compte – de manière romanesque bien entendu – d’une réalité historique : l’affreuse captivité des Africains durant des semaines dans les forts européens avant leur déportation dans les Amériques. Les cachots des forts négriers étaient aussi immondes que les cales des navires ! Tous les historiens français ont négligé l’étape des forts négriers dans ce qu’ils appellent « commerce triangulaire » qui en réalité ne se faisait qu’entre Européens. Les Africains quant à eux n’étaient que des rabatteurs soumis que l’on payait avec des pacotilles venues d’Europe.
La leçon que je retiens de cette rencontre : là où l’enseignement de l’histoire peine à instruire, un roman, même imparfait, accomplit une œuvre magnifique !
Raphaël ADJOBI